Situé au cœur de la ville, le Port de Trois-Rivières doit faire face au défi quotidien de concilier ses activités avec la vie des résidents voisins du Port. Mais selon le Port cette mixité est une très belle opportunité pour construire, avec la Ville, le sentiment et la fierté d’appartenir à une ville dynamique et attractive.

Entretien avec :

Le Port de Trois-Rivières est un membre actif de l’AIVP depuis 2016

La Ville de Trois-Rivières est un membre actif de l’AIVP depuis 2020

 

AIVP – Le Port de Trois-Rivières est en plein cœur de la ville, une situation qui est souvent vue d’abord comme une contrainte dans d’autres villes portuaires. Mais selon vous c’est tout autant une source d’opportunités qu’il faut savoir saisir. C’est ce que vous aviez réaffirmé lors de la présentation en octobre 2018 de votre plan « Cap sur 2030 ». Quels sont les moyens pour y parvenir, mais aussi les obstacles à lever pour répondre à votre volonté d’être un « port urbain innovant » ?

Jacques Paquin, Vice-Président Marketing et Développement des affaires, Port de Trois-Rivières – Vous avez raison, le Port de Trois-Rivières est littéralement voisin de résidences. C’est donc un défi primordial et quotidien de concilier les activités industrielles avec l’environnement urbain adjacent et ce défi, nous le relevons avec nos partenaires manutentionnaires. Tous ensemble, nous nous efforçons de prendre nos décisions et agir comme si nous étions nous-mêmes ces résidents voisins du Port.

Globalement, le citoyen souhaite que le port crée des emplois, génère des retombées économiques et contribue au développement social, tout en entraînant le moins possible d’impacts sur l’environnement et d’inconvénients pour le voisinage. Il faut donc trouver la meilleure adéquation possible qui permet de favoriser les activités portuaires tout en maintenant une quiétude pour les résidents voisins.

Un port urbain © Port de Trois-Rivières

Pour y arriver, il faut s’assurer que les meilleures pratiques opérationnelles sont déployées, être à l’affût des derniers développements dans ce domaine, en plus de prévoir des initiatives qui contribuent significativement au milieu de vie des trifluviens.

Ainsi, le Port de Trois-Rivières s’assure par exemple de concentrer ses activités de vrac aux endroits situés le plus loin des résidences, de restreindre les heures d’opérations pour les secteurs adjacents au centre-ville et de prévoir la plantation d’interfaces vertes et même l’aménagement d’espaces verts dédiés aux citoyens et visiteurs.

Le plan de développement Cap sur 2030 qui guide nos actions des prochaines années vient renforcer cette priorité, être un « port urbain innovant ». Deux projets majeurs retiennent d’ailleurs l’attention à cet effet : le Terminal 21, et le développement de la bande riveraine (waterfront). Tandis que le premier viendra répondre à une demande toujours croissante de la part des utilisateurs en plaçant l’innovation au cœur de sa conception, le deuxième a quant à lui pour but de créer un milieu de vie attrayant et recherché, tant par les trifluviens que les visiteurs, tout en étant économiquement viable.

AIVP – L’un des axes majeurs de « Cap sur 2030 » est en effet celui du développement de la zone riveraine. Pouvez-vous nous résumer ses principaux objectifs ?

Jacques Paquin, Vice-Président Marketing et Développement des affaires, Port de Trois-Rivières – Depuis quelques années déjà, le Port a accordé une attention particulière pour favoriser l’accès au fleuve aux citoyens et visiteurs. A titre d’exemple, un stationnement bordant le fleuve a été réaménagé en parc où des milliers de gens profitent annuellement de l’installation pour prendre une bouchée, faire une promenade ou tout simplement admirer la vue. Un autre terrain du Port a quant à lui été cédé à la Ville dans le but de créer un espace public collaboratif intégrant entre autres des aires de jeux, des bacs d’agriculture urbaine, des espaces repas et des œuvres d’art.

Parc Hector-Louis-Langevin © Port de Trois-Rivières
Carré de la Fosse © Étienne Boisvert

Un peu plus à l’Est de nos installations, se trouve un terminal comprenant un hangar. Bien que toujours utilisées pour des activités de manutention, ces installations, situées en bordure du Parc portuaire de la Ville de Trois-Rivières, présentent un excellent potentiel de conversion à des fins récréotouristiques, résidentielles et commerciales. C’est l’ensemble de la communauté qui pourrait tirer un bénéfice de cette harmonisation et intégration des activités de la bande riveraine à la vitalité du centre-ville et de l’arrondissement historique; le cœur même de l’agglomération de Trois-Rivières.

Le développement que nous projetons prendra en considération le patrimoine bâti et la planification urbaine de la Ville. Les projets, qui seront réalisés, devront respecter les principes du développement durable, être avant-gardistes, refléter la dimension urbaine du port et être économiquement viables.

De plus, tout développement devra respecter sept orientations :

1. être un port pour tous les trifluviens ;
2. assurer une promenade riveraine connectée et rassembleuse ;
3. présenter une vitrine du centre-ville à partir du fleuve, et une fenêtre sur le fleuve à partir du centre-ville ;
4. offrir des activités et des expériences diversifiées ;
5. être une destination rayonnante et accessible ;
6. servir de catalyseur d’investissements immobiliers, qui favorisent le développement économique, environnemental et social de la ville ;
7. constituer une signature d’ensemble qui rehausse l’identité du milieu.

Actuellement, selon ses lettres patentes, le Port n’a pas les pouvoirs de développer ce type d’activités sur ses propriétés. Toutefois, tous conviennent que le projet de mise en valeur de la bande riveraine doit se réaliser. Le Port, la Ville et Transports Canada ont ainsi récemment convenu qu’ils travailleront ensemble pour trouver la meilleure solution possible qui mènera à la réalisation de ce développement porteur pour la région.

AIVP – Pour ce projet de développement de la bande riveraine, de quelles manières cette collaboration avec la Ville de Trois-Rivières se traduit-elle très concrètement, notamment lorsqu’il s’agit de résoudre des divergences de vue ? La population sera-t-elle associée ?

Secteur de la bande riveraine © Port de Trois-Rivières

Jacques Paquin, Vice-Président Marketing et Développement des affaires, Port de Trois-Rivières – La collaboration étroite établie entre la Ville et le Port au cours de la dernière décennie a permis de moderniser les installations portuaires et d’assurer une intégration plus harmonieuse avec le milieu urbain, en plus de diminuer l’impact environnemental. Maintenant, les deux organisations souhaitent pousser plus loin leur collaboration et procéder à la mise en valeur du waterfront.

Jean Lamarche, Maire, Ville de Trois-Rivières – Le Port de Trois-Rivières a développé, en collaboration avec la Ville, une vision inspirante et surtout réaliste pour créer un milieu de vie où les activités résidentielles, récréotouristiques et commerciales peuvent cohabiter, tout en assurant un accès au fleuve pour tous les citoyens. À la Ville de Trois-Rivières, nous sommes impatients de travailler avec le Port et le milieu à la réalisation de cet important projet. Puisqu’évidemment, lorsque la voie à prendre pour réaliser ce projet sera identifiée, la population sera invitée à participer à son élaboration par le biais de consultations publiques.

Jacques Paquin, Vice-Président, Port de Trois-Rivières – En fait, le Port ne vise rien de moins que le waterfront devienne la nouvelle image identitaire de Trois-Rivières. Le lieu doit servir de vitrine sur le centre-ville et de fenêtre sur le fleuve. Vu à partir du fleuve, l’aménagement des lieux sera en harmonie avec la trame urbaine existante, mais aussi, il fera transparaître une signature distinctive et particulière à la bande riveraine. Vu à partir du centre-ville, la présence de l’eau et du Port sont les principaux atouts et ils seront les pièces maîtresses pour faire ressortir le caractère portuaire de la ville. Afin de créer un sentiment d’appartenance et de fierté unique, l’identité du secteur prendra sa source sur les éléments fondateurs que sont les activités portuaires d’hier à aujourd’hui.

Jean Lamarche, Maire, Ville de Trois-Rivières – La bande riveraine a le potentiel de jouer un plus grand rôle dans la vitalité économique de la ville. Ce projet concorde tout à fait avec notre souhait d’accroître la population du centre-ville ainsi que le nombre de travailleurs, ce qui contribuera à supporter les activités commerciales et récréatives sur toute l’année. Il faut fournir des environnements à la fois dynamiques et paisibles qui conviennent aux besoins de tous. L’important est d’attirer les gens pour des raisons différentes, à des moments distincts. De cette façon, ce secteur pourra être animé à l’année, de jour comme de soir.

Nous souhaitons que le site soit facilement accessible. Cela signifie attirer les gens au bord de l’eau surtout en utilisant le transport en commun, ou encore le transport actif comme le vélo ou la marche, qui sont des modes de transport sains, silencieux et non polluants.

Jacques Paquin, Vice-Président Port de Trois-Rivières – Finalement, cet aménagement intégrera les principes du développement durable en assurant un équilibre entre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux. La valorisation de ce site fondateur, ainsi que des bâtiments et espaces qui y seront construits, consolidera son caractère public. Le Port doit continuer à être un vecteur de développement structurant et, en ce sens, il accepte qu’une partie de ses installations soit utilisée différemment. Bref, nous visons que la bande riveraine devienne un véritable lieu de reconnexion avec une identité proprement trifluvienne, une destination du quotidien qui fera le bonheur des citoyens, des travailleurs et des visiteurs.

AIVP – Ce projet de waterfront pourrait vous poser des problèmes de mixité avec les activités portuaires existantes. Quelles solutions sont envisagées ou déjà mises en œuvre ?

Jacques Paquin, Vice-Président Port de Trois-Rivières – En fait, nous voyons plutôt là une opportunité de mixité. En effet, le centre-ville de Trois-Rivières est l’un des rares en Amérique du Nord à avoir cette proximité avec des navires de grandes tailles. Le transport maritime représente une vitrine économique intéressante qui témoigne du dynamisme des activités industrielles et touristiques trifluviennes. Il sera ainsi intéressant d’identifier des points de vue puissants qui permettront d’observer les activités portuaires. Le site deviendra l’espace d’interrelation entre le centre-ville et le fleuve.

Activités portuaires © Port de Trois-Rivières