Spécialisée dans la restauration des écosystèmes marins, la conception d’ouvrages côtiers pro-actifs pour la biodiversité et l’adaptation des littoraux aux effets du changement climatique, Seaboost est une entreprise française dont une partie significative de l’activité en faveur de la biodiversité, objectif N°10 de l’Agenda AIVP 2030, se déroule dans les villes portuaires. Martin Perrot, Directeur de l’exploitation de Seaboost, partage avec nous les motivations qui ont conduit l’entreprise à rejoindre l’AIVP.
Seaboost est membre de l’AIVP depuis janvier 2022
AIVP – Vous venez de rejoindre l’AIVP. Pouvez-vous expliquer aux autres membres de notre réseau international comment est née votre entreprise et quelles solutions vous apportez ?
Martin Perrot, Directeur de l’exploitation, Seaboost – Seaboost est une entreprise pionnière de l’ingénierie écologique appliquée aux infrastructures portuaires. Nous œuvrons pour la restauration des écosystèmes aquatiques à l’interface ville/nature en France et à l’international.
Constatant que les projets d’aménagement côtiers peinaient à intégrer pleinement le fonctionnement des écosystèmes marins dans leur conception, Seaboost est née de la volonté de réunir des compétences allant de l’écologie aux travaux, pour proposer des solutions de conception et de réalisation d’ouvrages maritimes et fluviaux redonnant une place prépondérante à la biodiversité. Forte de plus de 10 ans d’opérations dans ce domaine innovant, notre équipe œuvre quotidiennement pour accompagner les gestionnaires de port et d’infrastructures côtières dans la conciliation de leurs impératifs techniques et économiques et de leur volonté d’agir pour la préservation des écosystèmes marins.
Nous proposons des solutions clé-en-main dans trois domaines d’actions principaux :
- Les infrastructures bleues, pour intégrer les fonctions écologiques dans des infrastructures techniques côtières ou offshore. En milieu portuaire, nous avons développé une démarche complète d’accompagnement pour intégrer une gestion optimale de la biodiversité dans la gestion des ports. En 2022, nous avions installé plus de 5000 m3 d’habitats dans une dizaine de ports.
- La restauration écologique d’habitats naturels dégradés : coraux, mangrove, renaturation et autres milieux naturels.
- Les solutions fondées sur la nature et la lutte contre l’érosion côtière : adaptation aux effets du changement climatique et accroissement de la résilience des écosystèmes.
Seaboost propose ainsi un panel de solutions permettant de redynamiser la vie marine, là où les activités humaines l’ont fortement impactée ou la contraignent encore aujourd’hui. L’innovation perpétuelle, basée sur de nombreux partenariats académiques et industriels en France et à l’International, nous donne aujourd’hui une expertise unique en génie écologique marin appliquée aux mers tempérées et tropicales. Parmi quelques-unes de nos dernières innovations : nurseries portuaires large-scale, récifs artificiels, lests et ancrages imprimés en 3D béton, solutions douces de lutte contre l’érosion côtière…
AIVP – Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à devenir membre de l’AIVP et qu’attendez-vous de notre réseau mondial ?
Martin Perrot, Seaboost – Les villes portuaires sont constituées de zones artificialisées et naturelles, qui ont un rôle primordial à plus grande échelle pour la biodiversité aquatique (corridors, nurseries, abris…), ce sont bien des zones vivantes à réhabiliter et à valoriser !
L’AIVP fédère des acteurs urbains et portuaires internationaux et facilite la mise en pratique des objectifs de développement durable de l’ONU pour les villes portuaires au travers de son Agenda AIVP 2030. Nous avons décidé de rejoindre l’AIVP pour aller à la rencontre des gestionnaires de milieux portuaires en France et à l’international, participer à des groupes de travail et faire émerger une dynamique commune sur le thème de la préservation de la biodiversité portuaire. Nous attendons de l’AIVP qu’elle facilite une mise en relation et une coopération avec et entre les villes portuaires.
AIVP – Que pensez-vous pouvoir apporter à l’AIVP ?
Martin Perrot, Seaboost – Les ouvrages et équipements portuaires sont historiquement conçus pour répondre à des fonctions techniques et économiques. Ils développent de fait moins de fonctionnalités écologiques que les écosystèmes qu’ils sont venus supplanter ou perturber.
Notre approche consiste à recréer les caractéristiques d’habitats nécessaires au développement d’espèces marines (corail, mangrove, algues, poissons, crustacés…) compte-tenu de leur environnement préférentiel et de leurs différents stades de vie (larves, juvéniles, adultes…). L’objectif peut être de redévelopper des communautés riches et diversifiées, représentatives des milieux naturels environnants en bon état, ou de développer des espèces spécifiques à haute valeur patrimoniale, halieutique ou constituant les premiers maillons d’écosystèmes naturels complexes.
Nous souhaitons apporter notre expérience pour aider les villes portuaires à répondre au besoin de préservation des écosystèmes aquatiques et partager notre passion pour lutter ensemble contre l’érosion de la biodiversité.
AIVP – Vous rejoignez un réseau comptant déjà plusieurs membres œuvrant notamment en faveur de la biodiversité. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre vision d’une complémentarité de nos adhérents autour de valeurs communes liées au développement durable ?
Martin Perrot, Seaboost – Plusieurs acteurs de l’ingénierie écologique partagent aujourd’hui l’objectif de développer les fonctions écologiques d’aménagements côtiers et de reconnecter ainsi les zones artificielles à leur environnement.
Les solutions proposées dans ce domaine, existantes ou en cours de développement, sont variées et complémentaires, à l’image de la variété d’habitats que l’on peut retrouver dans la nature. Des suivis scientifiques ont permis de démontrer l’efficacité de différentes solutions et fondent ainsi des bases solides communes au développement du génie écologique portuaire.
Suite à cette phase d’initiation, la priorité pour faire face à l’érosion de la biodiversité, est maintenant d’agir vite, et à hauteur de ce qui a été perdu, c’est-à-dire à très grande échelle et mondialement. Cet objectif suppose que l’ensemble des forces vives se mobilise collectivement et œuvrent ensemble pour faire émerger de nouvelles opérations ambitieuses et exemplaires, qui seront autant d’exemples de réussite, inspirant à leur tour de nouveaux gestionnaires à s’engager.
Nous rejoignons aujourd’hui l’AIVP avec pour objectif de contribuer à faire émerger ces synergies et opportunités, et propulser ainsi la restauration écologique des villes portuaires dans une nouvelle étape de développement et de dissémination. Le chantier est colossal et urgent. Il est indispensable de réunir l’ensemble des énergies et de dépasser les logiques d’opportunité individuelle si nous voulons agir efficacement.
AIVP – Vous apportez des solutions pour protéger la biodiversité dans les villes portuaires au travers, par exemple, de votre projet RECIF’LAB. Vous travaillez aussi pour améliorer la résilience des zones côtières, comme vous le faites avec votre projet PEGASE. Sur la base de vos expériences, quels sont selon vous les aspects clés pour atteindre ces objectifs, en parfaite adéquation avec notre Agenda 2030, de protection de la biodiversité et de résilience ?
Martin Perrot, Seaboost – La bonne gestion de la biodiversité dans les ports contribue à l’amélioration du bon état écologique à une échelle plus large. Les écosystèmes artificiels plus riches sont plus résilients (changement climatique, espèces invasives). Cette gestion de la biodiversité se déroule en plusieurs étapes : s’informer sur l’état existant de son port (diagnostic écologique pour comprendre ses points forts et ses axes d’amélioration), pour ensuite agir (planifier et mettre en œuvre des actions, comme l’écoconception d’ouvrages neufs et existants), évaluer (suivi scientifique des performances écologiques et techniques) et valoriser (formation, sensibilisation, communication).
En accompagnant les villes portuaires à chacune de ces étapes, nous inscrivons nos missions dans l’atteinte de l’objectif 10 de l’Agenda AIVP 2030 « Protéger la biodiversité - Restaurer et protéger la biodiversité terrestre ou aquatique dans les villes et régions portuaires ».
