Port Saint-Louis du Rhône (PSL) se situe à 1h de route à l’Ouest de Marseille. Cette ville portuaire de plus de 8600 habitants a été créée au début du XXe siècle afin d’aménager l’embouchure du Rhône. Anciennement industrielle, elle se reconvertit fortement dans la plaisance : aujourd’hui PSL compte 4000 places à sec et à flot pour ces navires. La qualité de vie des habitants ne semble pas oubliée puisque depuis quelques années de nouveaux logements, des parcs et équipements récréatifs ont été aménagés sur ces secteurs reconvertis. L’objectif est aussi de créer une transition douce entre espace résidentiel et zones logistiques ou tertiaires. C’est parce que PSL est une ville à taille humaine qui nourrit des ambitions pour l’interface Ville Port que l’AIVP a tenu à interviewer son Maire, M. Martial ALVAREZ.
La Ville de Port Saint-Louis du Rhône est adhérente de l’AIVP depuis 2018.
AIVP – Depuis 2018 la réhabilitation des friches industrielles sur la presqu’île du Mazet est un projet phare de la municipalité et de ses partenaires. Des friches et anciens entrepôts ont été démolis puis l’espace libéré a été dépollué et reconverti en zones économiques tertiaires ainsi qu’en un parc intergénérationnel ouvert à la population.
Pouvez-vous nous en dire davantage concernant ces aménagements sur les anciennes friches ?
M. Martial ALVAREZ, Maire de Port Saint-Louis du Rhône – La presqu’île du Mazet représente une réserve foncière majeure de plus de 300ha pour notre commune. Ce territoire constitue un espace stratégique pour le développement des activités tournées vers la mer : le nautisme, la conchyliculture, la pêche, et l’accueil touristique sur la route des plages. Il est situé entre la zone urbaine historique au nord du port central, les espaces naturels du Parc Naturel Régional de Camargue au sud et les zones d’activités liées au port à containers de Marseille Fos à l’Est. Sa vocation était déjà préinscrite dans le territoire avec la présence de plusieurs ports de plaisance (plus de 3000 places à flots et à secs), de pêche et de conchyliculture.
Nous avions le souci de préserver ces différentes activités économiques et de contribuer à leur développement tout en maintenant un certain équilibre des espaces urbains, économiques et naturels.
Il était important, aussi, de construire les bases d’un développement plus ambitieux. Plusieurs étapes ont été nécessaires pour y parvenir. Déjà par la maîtrise foncière, puis par le nettoyage des friches industrielles après des inventaires écologiques. Cela nous a permis de mieux définir la vocation des différents espaces et de mettre en œuvre les conditions techniques de leur mise en valeur.
Enfin une convention de transfert de gestion des zones à quai sur le chenal principal menant à la mer a été réalisée avec le Grand Port Maritime de Marseille pour des zones qui n’étaient plus essentielles à leurs activités. Cette coopération avec le Grand Port était essentielle pour avancer.
Cela a permis de relocaliser un nouveau port de pêche en regroupant les activités de produits de la mer et de prévoir de nouveaux équipements pour accueillir des entreprises du nautisme et notamment des multicoques.
Plusieurs plans d’aménagement ont été nécessaires notamment en concertation avec le Grand Port Maritime, pour organiser cette vaste interface au nord et au sud représentant 700 ha. Il a fallu particulièrement déterminer les zones d’enjeux écologiques auxquels on a donné une large place pour répondre aux besoins de compensation. Elles constituent des espaces tampons essentiels à la bonne gestion du territoire. Nous avons voulu le traiter comme un atout qui donne un caractère d’interface particulier à l’ensemble de la zone. Des liaisons cyclables au nord ou des itinéraires de découvertes pour le public au sud traduisent cette préoccupation.
AIVP – Votre ville mise beaucoup sur le développement de l’accueil de navires de plaisance et sur l’essor de la croisière en Méditerranée. Du foncier a été dégagé pour créer des aménagements adaptés à ces activités très consommatrices d’espace : dans une interview à La Provence en Août 2020, vous parliez de « centaines d’hectares dédiés ».
Comment articuler croissance du nautisme et bien-être des habitants ?
M. Martial ALVAREZ – La presqu’île du Mazet, comme je viens de le préciser, a fait l’objet d’un plan important d’aménagement des activités dédiées au nautisme et aux produits de la mer (conchyliculture, pêche).
Mais cette démarche impliquait d’apporter des mesures compensatoires appropriées en matière environnementale. Un important plan de gestion (150ha) des espaces naturels a été initié pour proposer une démarche ERC (Eviter, Réduire, Compenser) rendu nécessaire en compensation de l’implantations des nouvelles activités.
La vocation nautique de la ville est également complétée sur sa façade avec le Rhône par le réaménagement de son port fluvial pour mieux accueillir les bateaux de commerces et les bateaux de croisières fluviales (104 escales en 2019). Le projet, en cours de création, d’une véritable escale fluviale pour bateaux de croisières (dont le gabarit augmente jusqu’à 130m), permettra d’installer une tête de ligne d’un produit « Provence fluviale » initié par le département 13 et porté par un syndicat mixte.
L’offre d’activités tournées vers la découverte de la Camargue, de l’embouchure du Rhône et des produits de la mer (dégustations très appréciées) incite les croisiéristes à référencer à présent l’escale dans leur catalogue qui attire d’importantes clientèles internationales.
Ces aménagements à proximité du centre urbain prendront également en compte la gestion physique de l’interface avec le cœur de ville pour mieux valoriser l’offre de services touristiques et de découverte autour du port central. C’est la volonté de maintenir ce lien entre les différents quartiers autour du port et les futures zones d’activités du Pôle « Nautismed » (Nautisme et mer) qui a poussé à la création d’un espace de loisirs intergénérationnels de 6 ha sur les berges sud du port central. Il sera un point d’attraction pour tous les publics et rehaussera l’image de ce lieu patrimonial.
AIVP – Il reste des plateformes logistiques importantes sur le territoire de PSL. Celles-ci dépendent du Grand Port Maritime de Marseille-Fos (GPMM) et ont un impact sur le développement urbain. Nous pensons notamment à l’interface entre la plateforme située darse n°3 et les zones résidentielles.
Comment valoriser l’interface et assurer la mixité avec les zones portuaires GPMM ?
M. Martial ALVAREZ – La bonne gestion des interfaces entre la ville et les zones d’activités du Grand Port Maritime de Marseille au nord et entre les zones d’activités tournées vers la mer et les zones naturelles à vocation de compensation plus au sud, sont les bases de notre démarche de développement territorial.
Le développement de la zone logistique « Distriport » (280 ha), face au port à containers est aussi lié à l’affirmation des fonctions urbaines de la ville à proximité. La bonne gestion de cette interface est essentielle.
Nous avons organisé ce territoire intermédiaire en retenant, lors de la récente révision du PLU, le projet d’un axe structurant connecté à la principale voie de desserte de la zone portuaire qui longe les limites ouest de Distriport (II). Il apportera une entrée et sortie supplémentaire sur cette façade Ouest de la zone logistique. Cet axe délimite aussi la zone naturelle de 100 ha qui fait tampon avec la ville. Cette nouvelle voie remplira aussi les fonctions de desserte plus au sud d’un nouveau quartier urbain en devenir en bordure du canal St Louis pour s’ouvrir avec un pont vers le Pôle Nautisme et Mer sur la presqu’île du Mazet.
Pour que cette interface reste productive et équilibrée nous faisons en sorte d’accroître l’importance et la qualité des services que la ville peut proposer tout en assurant une meilleure qualité de vie pour ses habitants . De nouveaux logements neufs ou rénovés, de nouveaux équipements éducatifs, sportifs et culturels propres à attirer et fixer de nouvelles populations pouvant travailler sur la zone animent aussi notre volonté d’avancer.
AIVP – Un « pôle sur les nouveaux métiers du vent » devrait ouvrir ses portes prochainement à PSL, en lien avec les différents projets d’éolien offshore qui se développent au large de la ville. Les villes portuaires sont naturellement en première ligne sur le développement de l’éolien offshore, alors même que la Commission européenne prévoit une croissance exponentielle du secteur : de 12GW actuellement à 60GW dans dix ans.
Pouvez-vous nous parler de ce nouveau pôle de formation ?
M. Martial ALVAREZ – Plusieurs projets pilotes d’éoliennes off-shore flottantes sont en préparation, face au golfe de Fos, au large du territoire de Port St Louis. Il était important de lancer des initiatives permettant de valoriser les retombées économiques et sociales de ces nouveaux équipements.
Nous avons proposé et lancé l’initiative du projet « Windtech » pour répondre à cet objectif. « WINDTECH » est un « centre technique pour les nouveaux métiers du vent et de l’éolien ». Il représente un projet important et novateur dans le domaine de la Transition Energétique.
Pour répondre à ses objectifs,« WINDTECH » contribuera au développement de différentes activités en accueillant de la R&D et de l’innovation, de la formation et une vitrine d’information, de sensibilisation et de tourisme pour contribuer à améliorer l’acceptabilité sociale de ces nouvelles filières de transition énergétiques.
Plusieurs domaines sont concernés : l’énergie éolienne ; le sport de haut niveau (kite, voile) reconnu par des sites de performances (prévisions JO 2024) ; le risque naturel éolien. Pour cela « WINDTECH » proposera des services et des moyens (ex : foncier, locaux, assistance logistique et technique, valorisations, etc…) favorisant le développement de ces activités. Il proposera avec ses partenaires, un soutien au développement de la filière industrielle. « WINDTECH » organisera et valorisera également les retombées économiques et sociales des activités qui seront développées sur le territoire dans les domaines de la transition énergétique autour de la filière éolienne, mais aussi photovoltaïque. Ces activités seront développées avec des organismes professionnels qui ont exprimés leur volonté de participer au projet (ex : France Énergie Marine, Marseille Innovation, CFAI etc….).