Situé dans la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka, au Québec (Canada), le port de Baie-Comeau se distingue par sa diversité. Port régional, il joue un rôle important sur le Saint-Laurent en tant que port d’escale de croisières internationales ainsi que comme pôle manufacturier et d’exportation de produits finis et semi-finis. Le port capture aussi une part importante des exportations de grains dans l’Est du Canada avec l’un des plus importants terminaux de grains au pays.
Sa ville, Baie-Comeau, jouit d’un patrimoine unique témoignant de son histoire industrielle et propose des activités d’aventure axées sur la nature omniprésente qui ceinture la zone urbaine.
Bien ancré dans sa communauté, le port déploie de nombreux efforts pour développer ses opérations, tout en conservant la vocation publique de ses infrastructures. Ainsi, le port est l’endroit de prédilection pour les citoyens et visiteurs souhaitant s’adonner à la pêche aux poissons de fond ou à l’observation des mammifères marins.
Doté d’une toute nouvelle gouvernance et d’un nouveau modèle d’affaires, le port ouvre un nouveau chapitre de l’histoire maritime à Baie-Comeau.
Entretien avec Karine Otis, présidente directrice générale du port de Baie-Comeau.
“En quelques mots”
AIVP – Vous venez de rejoindre notre association. En quelques mots, pouvez-vous présenter brièvement votre organisation ?
Notre port diffère de la plupart des autres ports canadiens puisqu’il s’agit d’un port privé, mais gouverné par une organisation à but non lucratif dont la mission est orientée vers l’intérêt collectif. En 2021, notre organisation a acquis le port du gouvernement du Canada afin de le relancer et d’en faire un levier de développement régional durable. En sommes, ce virage permet au port d’agir comme catalyseur du développement et ainsi contribuer à l’essor de l’industrie maritime canadienne tout en profitant à notre collectivité.
Baie-Comeau est un centre névralgique pour le transport de marchandises et de personnes dans l’Est du Québec, puisque la ville se trouve au carrefour de l’une des routes nordiques les plus achalandées de la province menant aux plus importants sites miniers du Canada. Le port jouit d’une connexion avec le réseau ferroviaire continental, ce qui en fait un port multimodal efficace qui permet à notre grande région d’exporter ses ressources et produits manufacturés. Finalement, il accueille aussi le plus important service de traversier au Québec, ce qui contribue à faire de Baie-Comeau un carrefour touristique bouillonnant d’activités en période estivale.
Sur le plan commercial, nos installations servent principalement au transbordement de cargo général, ainsi que de produits en vrac. Finalement, nous sommes très fiers d’être l’un des neuf (9) ports d’escale de croisières présents sur le Saint-Laurent. Bon an mal an, nous accueillons environ 15 000 passagers par année en provenance des Etats-Unis et de l’Europe et nous travaillons très fort pour accroître le nombre de nos visiteurs.
Echanger sur les relations ville-port
AIVP – Qu’attendez-vous de notre réseau international et que pouvez-vous apporter à nos adhérents ?
En raison de ses nombreuses facettes et puisqu’il est situé tout près d’une marina dynamique et très fréquentée, il est essentiel que le port fasse preuve d’excellence en matière de relation avec la collectivité et de performance environnementale, entre autres. En adhérent à votre organisation, nous souhaitons créer des liens et discuter avec d’autres ports villes et organisations qui enrichiront notre réflexion et nos outils pour nous permettre de développer nos activités dans l’intérêt de la collectivité. De notre côté, nous pensons pouvoir apporter à l’AIVP et ses membres l’expertise d’une organisation qui se déploie au sein d’une Réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO. Ici les activités industrialo-portuaires « concilient la conservation de la biodiversité et son utilisation durable ».
C’est un défi de tous les jours que nos entreprises et nous-même tentons relever au mieux!
Se rapprocher des citoyens
AIVP- En 2022 les installations du Port Baie-Comeau ont été transféré à la Corporation de gestion du port de Baie-Comeau pour redonner le contrôle des installations à la communauté. Vous avez aussi créé un comité de développement durable (Comité DD). Quel est l’importance pour vous d’incorporer la communauté dans votre gouvernance et fonctionnement ?
Tout d’abord, il faut savoir que la communauté a un attachement culturel important à son port. Ces 50 dernières années, lorsque celui-ci était sous la responsabilité du gouvernement canadien, la communauté jouissait d’un accès fréquent aux installations pour marcher, pêcher ou se retrouver en famille. Avec le développement de nos opérations, l’accessibilité au public tend à diminuer. Il est donc nécessaire de développer des alternatives avec la communauté pour qu’elle puisse continuer de profiter du magnifique littoral que nous avons. Notre comité DD a justement été créé pour établir un canal de communication et de consultation représentatif des intérêts de la collectivité. Il constitue le point de contact privilégié entre le port et la communauté. Le comité a le mandat d’éclairer la direction et le conseil d’administration du port sur les questions touchant aux retombées et aux répercussions environnementales, sociales et économiques des activités du port, en particulier à l’échelle des communautés de la Manicouagan.
En outre du comité DD, notre organisation a tissé des liens avec la communauté Innue de Pessamit, laquelle est située à environ 30 kilomètres de Baie-Comeau. Nous reconnaissons par le fait même que les activités de transbordement du port sont intimement liées aux activités industrielles qui prennent place dans le Nitassinan, c’est-à-dire, le territoire ancestral de cette communauté. Cette relation met la table pour des partenariats prometteurs dans le futur.
Pôle de production énergétique propre
AIVP- Vous avez formez un consortium pour demander au prochain gouvernement du Québec de prioriser la Zone industrialo-portuaire de Baie-Comeau pour l’octroi d’un bloc énergétique. Pouvez-vous nous expliquer l’ambition de cette demande et pourquoi ces acteurs spécifiques ce sont mis ensemble pour la demande ?
La région immédiate de Baie-Comeau est responsable de plus de 25% de la production d’hydroélectricité au Québec. Évidemment, cela est une marque de fierté chez nous. Comme vous le savez, la transition énergétique et les objectifs de décarbonation vont mettre une pression considérable sur les réseaux de production et de distribution d’énergie propre. En tant que pôle industriel déjà fortement électrifié, nous avons joint notre voix aux acteurs locaux pour demander au gouvernement du Québec de concentrer plus d’efforts à développer les énergies vertes dans notre région. En effet, nous avons tous les atouts requis pour être un pôle important de production énergétique propre. Hydrogène vert, méthanol vert ou biocarburant issu des ressources ligneuses sont autant d’exemple d’énergies qui serviront l’activité humaine de demain. Nous voulons tout simplement y contribuer au meilleur de nos capacités.