Convaincu que son développement et son efficacité ne peut se faire sans une évolution constante des compétences, le Port Autonome de Kribi multiplie les actions et les partenariats pour y parvenir. Cette conviction se traduira notamment par la création d’un centre de formation aux métiers portuaires. Elle s’appuie par ailleurs sur une stratégie de communication dynamique permettant de mieux faire connaître le port et ses opportunités d’emplois. Attirer de nouveaux talents, c’est aussi leur proposer un cadre de vie attractif. Et c’est aussi l’un des objectifs de l’accord-cadre entre le Port et la Ville de Kribi. Un entretien avec Patrice MELOM, Directeur Général, Port Autonome de Kribi (PAK)
Le Port Autonome de Kribi est membre de l’AIVP depuis 2017
AIVP – Monsieur le Directeur Général, vous avez signé en 2018 un accord de partenariat avec le Port d’Anvers (également membre de l’AIVP). Le transfert de compétences et la formation sont l’un des axes développés dans le cadre de ce partenariat. Quelles actions en faveur du capital humain cela vous a-t-il permis de développer ?
Patrice MELOM, Directeur Général, Port Autonome de Kribi (PAK) – Effectivement, un Accord de Coopération lie le Port Autonome de Kribi au Port of Antwerp International (PAI) depuis 2018. Lequel Accord a d’ailleurs été renouvelé le 1er juillet dernier par visioconférence, pour une nouvelle durée de trois ans. Il était question d’une tacite reconduction mais si nous avons dû resigner les documents, c’est bien parce qu’il y a eu réécriture de l’Accord. Le nouveau cadre de partenariat couvre désormais un champ d’activités plus large, plus ambitieux mais également plus en phase avec les défis qui interpellent le Port de Kribi. Il s’agit notamment du développement de ses capacités d’accueil et de ses performances opérationnelles ; du développement de l’attractivité de sa zone industrielle ; de l’amélioration de son accessibilité et de sa connectivité avec son hinterland et de l’insertion harmonieuse dans son environnement, à travers le développement durable et inclusif de son territoire d’influence.
Cela dit, la récente cérémonie de signature de l’Accord de Coopération PAK/PAI était l’occasion de dresser le bilan des trois premières années de partenariat. J’ai pu adresser des remerciements aux responsables de PAI en général et en particulier à ceux d’APEC (Antwerp Port Training Center), pour l’accompagnement fourni au PAK, en termes de capacitation de sa ressource humaine.
En effet, dans le cadre de cet Accord, nous avons essentiellement pu organiser des benchmarks au Port d’Anvers, à l’attention d’une vingtaine de cadres de la Capitainerie et de la Direction de l’Aménagement et de l’Environnement (DAME), dans l’optique d’asseoir leurs capacités opérationnelles.
Il faut hélas avouer que la survenue de la COVID-19 a fortement entaché le plan d’actions pensé pour la mise en œuvre de cet Accord. Néanmoins, nous sommes assez satisfaits de ce qui a été fait et sommes repartis depuis juillet dernier sur de nouvelles bases, prenant en compte les possibilités de déploiement en ligne, plus flexibles et réalisables même en cas de crise.
AIVP – En 2019 était organisée la 1ere édition du Forum général des jeunes de Kribi. A cette occasion la création d’un centre de formation aux métiers portuaires et industriels à Kribi avait été annoncée. Une étude visant à évaluer les besoins en formation dans ces métiers a été lancée début 2021. Quelles sont les premières conclusions de cette étude ? Et quand ce centre verra-t-il le jour, avec quels financements ?
Patrice MELOM, Directeur Général – Le projet de création d’un centre de formation aux métiers portuaires et industriels à Kribi est en cours d’implémentation. Il a d’ailleurs fait l’objet d’un séminaire le 14 janvier dernier, portant sur le lancement de l’étude de faisabilité dudit projet. Sa mise en œuvre est fondée sur un partenariat étroit entre l’Université de Douala au Cameroun et les IUT de l’Université de Strasbourg (UNISTRA) en France. Lesquelles entretiennent des relations de longue date, notamment au travers de la présence au Cameroun du GESCOD (Grand Est Solidarités et Coopérations pour le Développement). C’est sur cette base que l’UNISTRA et l’Ambassade de France, en lien avec le Port Autonome de Kribi (PAK), ont construit le projet d’étude de faisabilité du Centre de formation autour de trois composantes :
- le développement de blocs de compétences pour la formation initiale et la formation continue ;
- la mise en place d’une gouvernance associant des entreprises et des organismes publics ;
- et enfin, la réalisation d’une étude architecturale pour l’immeuble siège à Kribi.
Une équipe-projet a été constituée à cet effet, et les échanges entre experts durant le séminaire de janvier dernier visaient principalement à informer le public, les entreprises de la place portuaire de Kribi et les élus locaux de l’initiative en cours et à les inviter à rejoindre l’équipe-projet. Evidemment, il était question dans un second temps, de collecter les besoins en formation auprès des entreprises afin de concevoir un programme pour une formation directe à l’emploi disponible sur site. Ça montre à quel point la matérialisation de ce projet permettra de répondre aux problèmes de qualification professionnelle qui affectent la performance de plusieurs entreprises constituant la communauté portuaire de Kribi, tout en améliorant l’offre nationale en formation orientée développement local.
Cela dit, l’étude de faisabilité lancée en janvier dernier devrait durer 18 mois. C’est dire qu’à date, les résultats ne sont pas encore rendus disponibles. Mais déjà, l’on sait que les cursus de formation qui devraient être offerts par le centre seront de type Bac+2 et Licence professionnelle en formation initiale. En ce qui concerne la formation continue, des blocs de modules seront proposés suivant les demandes des entreprises.
AIVP – En attendant, quelles actions avez-vous déjà mises en œuvre pour mieux faire connaître aux citoyens le port, ses activités et ses opportunités d’emplois ?
Patrice MELOM, Directeur Général – La promotion est une activité en continu au sein du PAK. Elle se réalise notamment à travers des outils numériques et de presse, à l’instar du site internet du PAK (www.pak.cm), ses comptes Facebook, Linkedin et Twitter, la newsletter électronique et hebdomadaire, le magazine institutionnel, des plaquettes d’informations et diverses insertions publicitaires. D’ailleurs, une campagne de communication est en cours, avec des affichages publics et des spots audiovisuels diffusés dans les médias nationaux et internationaux. Nous communiquons à cet effet sur la qualité et la performance de nos infrastructures et sur notre positionnement géostratégique plutôt enviable.
La promotion se fait également avec la participation régulière à des évènements à forte valeur ajoutée tels que les foires, salons et autres. Ce sont des occasions que nous saisissons pour faire passer d’autres messages portant sur : la vocation nationale et sous-régionale du Port de Kribi, l’excellence opérationnelle de cette infrastructure ; les opportunités d’affaires, d’investissement et d’emploi disponibles.
Par ailleurs, le PAK est en partenariat avec le Fonds National de l’Emploi (FNE), dans l’optique de mutualiser les efforts pour la promotion de l’insertion professionnelle des jeunes dans la localité de Kribi. Nous avons également développé tout un axe de coopération avec le milieu académique, notamment les universités d’Etat et les écoles sous-tutelle, à travers lequel nous offrons des stages rémunérés aux étudiants et mêmes à ceux en fin de formation, afin de leur permettre de cumuler des mois d’expériences professionnelles. Certains aboutissent à un contrat de travail au PAK.
En outre, nous organisons nos propres évènements promotionnels tels que le hackathon portuaire, dont la première édition tenue en 2021 a mobilisé plus de 142 équipes de jeunes startups et autres étudiants mordus de TIC. L’initiative en elle-même et l’engouement des jeunes participants ont contribué à donner de la visibilité au PAK et à le positionner comme une entreprise moderne, innovante et orientée smart.
Hackathon 2021@ PAK
Je pourrais enfin citer la mise en place de notre politique RSE, plus précisément du Programme d’Accompagnement Socio-Economique de Kribi (PASEK) initié par le PAK et qui constitue une véritable plateforme d’échanges avec les communautés riveraines. A travers cette interface d’échanges, nous menons des actions pour l’excellence scolaire, la santé, le développement durable et bien d’autres. Autant de choses qui portent l’image de marque du PAK tant au plan local que national et international.
AIVP – Vous avez également signé en juillet 2019 un accord – cadre avec la Ville de Kribi. Parmi les domaines de coopération ciblés, figure la volonté de « Construire la ville ensemble », notamment via une formation sur la co-construction du territoire et sur la relation Ville-Port. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Patrice MELOM, Directeur Général – La convention signée le 30 juillet 2019 ambitionne effectivement la co-construction du territoire et le renforcement de l’ancrage ville-port. Diverses séances de travail bipartites ont été organisées, permettant aux uns et aux autres de s’approprier du mandat de suivi de l’accord-cadre de coopération et mener une réflexion sur les modalités de mise en œuvre de cet accord cadre ainsi que la mise en œuvre des organes de fonctionnement. L’une des actions concrètes porte sur la gestion du stationnement des camions poids lourds dans la ville de Kribi.
Il convient cependant d’avouer que les actions engagées en 2019 ont été paralysées par certaines circonstances, dont la loi N°2019/024 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun, avec prescription d’une réorganisation des communautés urbaines. Du fait de cette mutation administrative, le partenaire Communauté Urbaine de Kribi (CUK) est devenu Ville de Kribi.
De façon concrète, nous sommes partis avec le nouvel exécutif en place à la Ville de Kribi, pour effectuer des mises à jour sur notre Accord-cadre. Des séances de travail se succèdent et l’on va clairement vers la signature d’un nouveau projet, afin d’être en phase avec les changements opérés au plan administratif, mais aussi d’intégrer les nouvelles visions stratégiques formulées de part et d’autre.
Mais d’ores et déjà, nous pouvons dire que cet accord porte et portera certainement toujours sur de nombreux aspects de l’aménagement urbain dans son ensemble, notamment la mobilité et l’accessibilité, la protection de l’environnement et la préservation des ressources naturelles, le développement urbain durable ; la Co-construction de la ville que vous avez mentionnée, en plus de l’attractivité de la ville portuaire.
Je tiens par ailleurs à indiquer que dans le cadre du projet de Complexe industrialo-portuaire de Kribi, il existe toute une composante intitulée « Ville nouvelle ». Bien évidemment, il ne s’agira pas de créer une unité administrative en marge de Kribi. Mais plutôt de développer à l’intérieur de la ville, des infrastructures urbaines de qualité et en qualité (résidences, centres commerciaux, écoles, hôpitaux, aires de loisirs, etc.) à même de satisfaire aux exigences d’une génération de cadres que va incontestablement drainer la place portuaire de Kribi. Dans cette optique, un travail concerté sera plus que nécessaire et l’Accord de partenariat PAK/Ville de Kribi aura encore plus de sens et de contenu.
