En 2015, le Port d’Halifax a commencé à travailler à l’élaboration d’un projet d’infrastructure destiné à bâtir la compétitivité future du port tout en rendant possible l’accueil de la prochaine génération de porte-conteneurs, toujours plus grands. Consultés en 2016, les habitants et l’ensemble de la communauté portuaire reconnaissaient la nécessité d’exploiter au mieux le potentiel de croissance du port tout en exprimant des inquiétudes concernant la circulation des camions en centre-ville. Cette problématique est en lien direct avec l’objectif 3 de l’Agenda AIVP 2030 sur la mobilité durable. Depuis lors, le Port d’Halifax a mis en oeuvre plusieurs initiatives visant à réduire le nombre de camions qui circulent en ville. Citons par exemple le terminal intermodal du Canadien National (CN – chemins de fers nationaux du Canada) grâce auquel des marchandises qui étaient expédiées par la route sont maintenant transportées par voie ferrée, ou le projet de liaison ferroviaire entre deux terminaux à conteneurs. Mais la numérisation du port lancée en 2018 est une autre stratégie importante. C’est cette stratégie de numérisation qui nous intéresse ici.
Le Port d’Halifax est membre de l’AIVP depuis 2018
AIVP – En juin 2018 vous avez lancé la première phase de votre « Centre d’opérations portuaires », un outil numérique qui permet de fournir des informations en temps réel aux clients et à la communauté, notamment les transporteurs routiers et les propriétaires de cargaison. Cette initiative a remporté le prix des technologies de l’information de l’Association américaine des autorités portuaires (AAPA). Vous avez également mis en place un système de suivi de la circulation sur les terminaux, pour lequel vous avez été récompensés par le prix canadien Systèmes de transport intelligents en 2019. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces outils et sur la façon dont vous évaluez leur impact depuis lors ?
Lane Farguson, Manager, Media Relations and Communications, Halifax Port Authority – Le Port d’Halifax accorde beaucoup d’importance à la fiabilité et à la transparence des données. Le Centre d’opérations portuaires disponible sur le site Web du Port d’Halifax est devenu un outil numérique indispensable pour le partage en temps réel d’informations avec les clients et la collectivité en général, d’autant plus que nous disposons dorénavant d’un système fluide de mise à jour. Nous devons, maintenant plus que jamais, apporter la preuve de notre efficacité et de notre fiabilité.
Les chargeurs et les propriétaires de cargaison peuvent consulter des informations actualisées concernant les données affichées aux portes des terminaux, les délais d’entreposage hebdomadaire, les prévisions de hauteur libre, les arrivées et les départs, ainsi que des alertes spéciales. Pour lancer cette initiative, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les opérateurs de terminaux et le CN.
Le système de suivi de la circulation dans les terminaux (TTMS) renseigne sur les temps d’attente et les délais de services des camions dans les terminaux à conteneurs d’Halifax. Ces informations sont mises à la disposition des chauffeurs, des entreprises logistiques et du public sur notre site Web dans l’objectif de réduire les temps d’attente et, par conséquent, la congestion et les émissions de gaz à effet de serre.
L’application pour la prévision des arrivées de navires (VFS) du Centre des opérations portuaires d’Halifax calcule précisément l’heure d’arrivée des porte-conteneurs dans le port. Cette application a été développée par eeSea, un leader du secteur basé à Copenhague.
AIVP – En 2018 vous avez rejoint TradeLens, une plateforme mondiale de transport maritime basée sur la technologie blockchain développée par Maersk et IBM. Pouvez-vous nous dire de quelle façon cet outil complète les deux autres outils que nous venons d’évoquer ?
Lane Farguson, Manager, Media Relations and Communications – Chaque élément de notre stratégie numérique constitue une pièce de puzzle, et c’est l’assemblage de toutes les pièces qui nous permet progressivement de visualiser un tableau d’ensemble. TradeLens est une pièce importante de cette stratégie générale. Nous sommes heureux d’avoir pu rejoindre la plateforme en 2018 et continuons à travailler avec l’ensemble des partenaires au développement d’une plateforme de données moderne qui dispose d’une bonne visibilité et qui sera mise à la disposition de l’industrie mondiale du transport maritime.
TradeLens permet de surmonter les difficultés liées à la circulation des données de bonne qualité en proposant aux compagnies maritimes une seule et même plateforme fiable.
TradeLens va permettre d’améliorer nos capacités de suivi et de traçage des conteneurs. L’administration portuaire d’Halifax a actuellement la possibilité de visualiser les conteneurs depuis leur débarquement jusqu’à leur destination ferroviaire. La visibilité procurée par TradeLens nous informera sur les mouvements de conteneurs dans les terminaux situés à l’étranger, ce qui devrait nous permettre de suivre un conteneur depuis son remplissage jusqu’au post-acheminement, en incluant les opérations de transbordement. Nous en attendons d’autres avantages à mesure que la plateforme va se développer et que de nouveaux acteurs entreront en jeu. C’est pour nous l’occasion de nous familiariser avec les plateformes mondiales de transport maritime, lesquelles devraient révolutionner la circulation des informations dans l’industrie du shipping.
AIVP – Votre dernière initiative digitale est toute récente : vous avez signé cet automne un contrat avec Saab pour la mise en place d’un Système de gestion et d’information portuaire. Qu’en attendez-vous ?
Lane Farguson, Manager, Media Relations and Communications – Le système de gestion et d’information portuaire de Saab est une étape majeure dans notre processus de transformation numérique. Il facilite les opérations portuaires, la facturation des escales de navires, la mise en ligne des départs et arrivées des navires, la planification des opérations à quai et le traitement des marchandises.
Le Port d’Halifax recherchait un système d’information portuaire évolutif et convivial capable de suivre les opérations en temps réel et d’en rendre compte. Le système de Saab offre le meilleur rapport fonctionnalité/prix/performances du marché.
L’objectif de ce projet est de développer nos capacités grâce à une plateforme logicielle qui permette au personnel d’exploitation et aux comptables de recevoir, enregistrer, vérifier et stocker les données à l’aide d’un système intégré bien conçu et qui soit en ligne avec notre stratégie de transformation numérique.
AIVP – La collaboration peut être considérée comme une composante essentielle de ce Système de gestion et d’information portuaire, et probablement aussi de vos autres projets de numérisation. Pensez-vous que cela puisse favoriser une stratégie de gouvernance intégrant le principe de la co-construction comme le recommande l’objectif 4 de notre Agenda 2030 ?
Lane Farguson, Manager, Media Relations and Communications – Pour être réellement performants, les ports ne peuvent pas se contenter d’adopter des technologies intelligentes. Ils doivent faciliter la collaboration entre les différents acteurs afin d’améliorer la sécurité et l’efficacité de l’ensemble de l’écosystème portuaire, la communauté environnante inclue.
Pour mobiliser ses capacités au bon endroit et au bon moment, il faut pouvoir bénéficier d’une visibilité sans précédent et exercer un contrôle sur une multitude de systèmes indépendants et de réseaux multimodaux.
Nous étudions actuellement la mise en place d’un nouveau type de plateforme d’aide à la décision. Cet outil est proposé par la société Sentient Hubs et permet une analyse intégrée des incidences qui englobe les dimensions économique, environnementale et sociale.
Il s’agit d’une plateforme ouverte qui permet de marier plusieurs écosystèmes à grande échelle afin de déterminer plus facilement lorsque le déploiement de nouvelles ressources s’impose et les modalités à suivre.
AIVP – Nous avons vu, lorsque par exemple vous avez soumis votre projet d’infrastructure à la consultation du public en 2016 et en 2018, que vous attachiez aussi beaucoup d’importance à la participation des habitants et de la communauté portuaire dans son ensemble. La réduction du nombre de camions en ville était alors une préoccupation majeure pour les citoyens en attente d’une prise de décision. Avez-vous donné une place aux citoyens et/ou à la communauté portuaire dans la recherche de solutions ? De quelle manière appréhendent-ils aujourd’hui la congestion et la fluidité du trafic ? Perçoivent-ils les impacts de vos initiatives numériques sur la mobilité urbaine ?
Lane Farguson, Manager, Media Relations and Communications – Nous avons toujours pris soin de communiquer d’une façon ou d’une autre avec nos partenaires, les parties prenantes et l’ensemble de la collectivité, que ce soit en amont des grands projets, au cours des étapes de planification ou après le commencement des travaux. Ce dialogue se fait au travers d’ateliers de planification, de réunions, de contacts téléphoniques, d’échanges d’emails et de sondages en ligne.
En juin, le Port d’Halifax Port a annoncé la création d’un comité de liaison avec la communauté portuaire visant à améliorer la communication et le partage d’informations entre le Port et le public, et à recueillir les commentaires des personnes directement touchées par les opérations et les projets du port.
Le comité est composé d’un large éventail de citoyens qui apportent un point de vue différent de celui des usagers traditionnels du port. L’accent est ici mis sur l’expérience, les différentes perspectives et la diversité.
Il se passe beaucoup de choses actuellement au Port d’Halifax : le CEO du port et le Conseil d’administration avaient à cœur de faire participer activement toute la communauté aux changements en cours.