Le Port de Tripoli (OEPT, Office d’Exploitation du Port de Tripoli) est situé au nord du Liban, à seulement 30 km de la frontière syrienne. Deuxième port le plus actif du pays et maillon essentiel de la chaîne logistique, il joue un rôle crucial dans la bonne santé économique nationale. Le port traite divers types de marchandises (conteneurisées, vrac solide, produits agricoles, etc.) et possède plusieurs zones dédiées aux activités tertiaires, une zone franche et un marché ouvert en cours de réalisation. Le Port est géré par un conseil d’administration composé de 5 membres élus pour 3 ans. Désireux depuis 2021 de renforcer ses partenariats internationaux, l’OEPT travaille aujourd’hui en collaboration avec le Port de Dunkerque.
Nous avons interrogé M. Abdelrahman Hajar afin de savoir pourquoi l’OEPT avait choisi de rejoindre l’AIVP.
« En quelques mots »
AIVP – Pouvez-vous présenter brièvement votre port aux membres de notre réseau international ?
Le Port de Tripoli (OEPT) compte parmi les plus grands ports de Méditerranée. Occupant une position stratégique entre l’Est asiatique et l’Europe de l’Ouest, il présente un énorme potentiel pour le développement des voies de communication et de transport terrestres vers les pays arabes, dont ceux du Golfe. Les marchandises en provenance d’Europe et d’Amérique et à destination de la Syrie, de la Jordanie, de l’Irak et des États arabes du Golfe peuvent transiter par le port de Tripoli sans rencontrer d’obstacles montagneux. Qui plus est, la proximité immédiate du Canal de Suez (situé à seulement 300 milles nautiques du port) constitue indéniablement un autre avantage majeur. Le port de Tripoli couvre 3 km2, dont 1,5 km2 de surface d’eau.
Parmi les récents aménagements, citons la construction de 600 m de quai disposant d’une profondeur d’eau de 15,2 m, et la création d’une zone arrière de 650 000 m2. La longueur du quai devrait à terme être portée à 1 200 m et la profondeur du bassin à 18 m. Il est prévu de remblayer 160 000 m2 pour en faire une zone d’entreposage et de construire une zone économique spéciale sur 550 000 m2. Nous avons aussi la possibilité d’aménager 750 000 m2 supplémentaires à gagner sur la mer en direction du Nord.
AIVP – Que pouvez-vous apporter au réseau de l’AIVP ?
Le Port de Tripoli participe à de nombreuses activités de recherche et de développement dans les domaines de l’environnement, du transport, de la logistique et de l’aménagement urbain. L’AIVP pourra s’investir dans de nouveaux projets innovants, et notre port servir de site pilote. Le personnel de l’OEPT peut également participer à la réalisation des études de projets. Le Port de Tripoli peut par ailleurs organiser des manifestations culturelles que les entreprises des secteurs du tourisme, de l’hôtellerie et du divertissement peuvent mettre à profit pour développer leurs activités et promouvoir l’image de la ville. De plus, l’OEPT pourra permettre à l’AIPV d’étendre son réseau au Moyen-Orient. Notre port peut jouer un rôle significatif dans l’aménagement et le développement de la ville et cette nouvelle collaboration est l’occasion de créer une vision partagée qui conduira à un développement plus harmonieux.
AIVP – Qu’attendez-vous du réseau de l’AIVP ?
Le Port de Tripoli accorde de plus en plus d’importance aux pratiques durables et à la réduction de son impact environnemental. L’AIVP peut nous aider à adopter des technologies et des pratiques plus vertes pour répondre à la nécessité croissante de s’orienter vers des solutions plus écologiques. La sensibilisation de notre personnel aux pratiques durables et à leur mise en œuvre pour réduire notre empreinte écologique peut aussi passer par la formation. Cette adhésion nous donnera la possibilité de mobiliser le réseau de l’AIVP pour rechercher des partenaires/chefs de projets européens. Par ailleurs, cette nouvelle collaboration pourra donner lieu à des échanges culturels et sociaux entre la ville et le port, et contribuer à créer un sentiment d’appartenance à une communauté en renforçant l’identité ville-port. Sur un autre plan, l’AIVP peut nous aider à mettre en place des programmes de formation dans le but de développer les compétences spécifiques nécessaires à certains métiers portuaires et d’améliorer les performances de nos salariés. Notre personnel peut avoir besoin de se former aux nouvelles technologies et aux nouveaux équipements. Il doit pouvoir répondre aux situations d’urgence comme les catastrophes naturelles ou les menaces à la sécurité, et être capable de réagir de manière efficace afin de limiter les dommages ou les dysfonctionnements potentiels. D’autre part, l’AIVP peut aider l’OEPT à moderniser ses équipements et à développer de nouvelles technologies.
AIVP – La gestion des risques naturels et technologiques est un sujet important pour le Port de Tripoli. L’AIVP a déjà eu l’occasion d’accompagner l’OEPT dans une demande de financement européen en la matière. Le lien entre protection de la population et protection de l’environnement avait alors été clairement établi. Quelles mesures comptez-vous instaurer pour améliorer la sécurité en situation de crise ?
Le Port de Tripoli présente régulièrement des demandes de financement pour l’aider à garantir sa sûreté et sa sécurité et préserver l’environnement. De fait, nous élaborons régulièrement des plans d’intervention d’urgence détaillés et adaptés à nos besoins spécifiques en cas de catastrophes naturelles, d’accidents ou de menaces à la sécurité. La priorité étant de pouvoir former en continu notre équipe d’intervention aux procédures d’évacuation, de premiers secours et de sécurité incendie. Il importe aussi de régulièrement procéder à des exercices et à des simulations afin de vérifier l’efficacité des plans d’intervention et entraîner le personnel à la gestion des crises. Pour anticiper les situations de crise et les phénomènes météorologiques extrêmes et y répondre efficacement, l’OEPT postule à des projets spécifiques en vue d’améliorer la technologie de ses équipements et d’installer des systèmes de surveillance, de contrôle des d’accès et d’alerte précoce basés sur l’IA. Le port va encore établir des plans d’évacuation à la fois clairs et efficaces basés sur divers scénarios de catastrophe à l’intention du personnel portuaire, des visiteurs et des communautés environnantes. Notre département en charge de la santé, de la sécurité et de l’environnement est aussi responsable de la sécurité au travail, mission dont il s’acquitte en organisant continuellement des visites de terrain et des réunions de sensibilisation, en publiant régulièrement des rapports, et en mettant en œuvre des protocoles rigoureux régissant la manipulation, le stockage et le transport des produits dangereux à l’intérieur et à l’extérieur des entrepôts, et spécifiant les procédures à suivre en cas de déversement. Le personnel portuaire travaille également à l’instauration de mesures conformes aux réglementations environnementales pour contenir et atténuer les dommages environnementaux en cas de déversement ou d’accident. Il nous faut toutefois encore investir dans l’amélioration de l’infrastructure portuaire (construction de digues et renforcement des structures principales) pour la rendre plus résiliente face aux catastrophes naturelles.
L’OEPT est partenaire ou site pilote de projets PROMPT et BE-READY.