[crédits photo : Ville de Bassens]
Le chef-lieu de la Gironde, capitale mondiale du vin mais aussi ville fluviale majeure située à l’embouchure de la Garonne, a décidé de rejoindre l’AIVP. La métropole de Bordeaux rejoint ainsi son Grand port maritime, afin de former un binôme « ville-port » en totale cohérence avec la philosophie de notre association. Pour fêter cette occasion, nous avons tenu à interviewer M. Alexandre Rubio, Maire de Bassens, Conseiller métropolitain délégué à l’OIM Arc rive droite et à la gestion des risques inondations et technologiques, représentant de Bordeaux Métropole à l’AIVP.
Bordeaux Métropole est adhérent actif de l’AIVP depuis 2022.
« En quelques mots »
AIVP – Vous venez de rejoindre notre association. En quelques mots, pouvez-vous présenter brièvement votre organisation ?
M. Alexandre Rubio, Bordeaux Métropole – Bordeaux Métropole a pour ambition d’être une Métropole de proximité, solidaire et écologique. Elle regroupe 28 communes et mène son action avec 815 000 habitants sur un territoire de 58 000 hectares (dont 1800 hectares inscrits au patrimoine de l’UNESCO).
Bordeaux Métropole intervient dans le quotidien des habitants : transports, logement, aménagement des villes, développement économique et emploi, préservation de la nature, eau, assainissement, déchets, accès au numérique, soutien aux animations culturelles et sportives, aux équipements de type écoles, stades….
Bordeaux métropole impulse des orientations stratégiques et des politiques publiques au service de tous les habitants autour de six axes prioritaires :
- La transition écologique, la métropole s’engage pour le climat et la qualité de vie des habitants ;
- Les mobilités pour améliorer la qualité des déplacements ;
- Privilégier l’habitant autant que l’habitat ;
- Soutenir le développement économique et favoriser la création d’emplois locaux et pérennes ;
- Une métropole des services publics et pour la préservation des biens communs
- Une gouvernance partagée et un dialogue citoyen plus ouvert.
En 2022, la Commission européenne a intégré Bordeaux Métropole dans son programme « 100 villes climatiquement neutres et intelligentes en 2030 », saluant le travail produit et l’engagement dans un processus innovant de transition écologique et énergétique.
Collaboration avec les autres membres
AIVP – Qu’attendez-vous de notre réseau international et que pouvez-vous apporter à nos adhérents ?
M. Alexandre Rubio, Bordeaux Métropole – La thématique des fleuves et le développement économique des zones portuaires concernent à la fois les compétences des métropoles et celles des ports. A Bordeaux Métropole, une nouvelle dynamique de partenariat Port-Villes-Métropole s’est mise en place depuis 2020 dans le cadre d’une stratégie où l’usage de la Garonne est repensé.
Aménagements économiques sur la rive droite, création de logements, développement des services publics et des transports en commun ou encore lieux d’innovations dans le domaine de la transition écologique et énergétique, tous ces enjeux sont portés par la création d’une nouvelle Opération d’Intérêt Métropolitain appelée Arc Rive droite.
Nous avons adopté récemment en conseil de Bordeaux Métropole, un schéma des équipements fluviaux dans le but d’aménager des pontons qui serviront notamment à fluidifier la mobilité sur le fleuve. A termes, nous souhaitons développer le fret fluvial avec le transport des marchandises pour le dernier kilomètre notamment dans le centre de Bordeaux. Dans cette conception globale de l’aménagement du fleuve, le Port prend toute sa place et est un acteur central.
La mise en valeur de ce dernier et de ses activités comme trait d’union entre les deux rives de l’agglomération, et comme moteur du développement territorial urbain est indispensable dans notre stratégie globale du fleuve et du déploiement de cet OIM. D’importants investissements sont actuellement captés par le Port de Bordeaux, au bénéfice de notre tissu économique dédié à la transition énergétique. Nous soutenons également le sourcing de startups porteuses d’innovations capables d’accélérer la mutation vers le Port de demain.
Cette dynamique a besoin d’être alimentée par de multiples idées et retours d’expérience d’autres territoires portuaires. Le réseau international que représente l’AIVP nous paraît indispensable pour organiser les échanges inspirants dont nous avons besoin. Et réciproquement le duo Port de Bordeaux– Bordeaux Métropole pourra probablement inspirer d’autres membres de l’AIVP.
Par ailleurs, un travail de concertation autour d’un projet de « Port Center » vient d’être lancé à Bordeaux. Le rôle de conseil, d’accompagnement que peuvent jouer l’AIVP et ses membres les plus expérimentés sur ce sujet, comme Le Havre, Anvers, Montréal, etc., sera précieux pour faire avancer le projet bordelais dont le but sera de communiquer avec le grand public sur les sujets économiques portuaires (valorisation des métiers et des innovations du Port et du complexe industrialo-portuaire), mais peut-être aussi plus largement sur des sujets liés au fleuve en général : Nature, Risque inondation, Culture et Patrimoine, Résilience, Relation avec les territoires voisins…
Projet urbain des « Bassins à Flots »
AIVP – Cela fait un peu plus de 10 ans que le projet urbain des Bassins à flot a démarré. Pourriez-vous nous en dire plus sur son avancement et sur les choix programmatiques en faveur du développement durable ?
M. Alexandre Rubio, Bordeaux Métropole – Le projet urbain des Bassins à flot, où le Port a son siège, est en voie d’achèvement. Il s’est réalisé très rapidement grâce à la méthode d’urbanisme négocié qui a mobilisé de nombreux partenaires. Nous avons livré plus de 4.300 logements et près de 250.000m² dédiés aux entreprises et commerces ; plus de 14ha d’espaces publics ont été créés ou requalifiés. Il reste quelques mises en chantier importantes sur les îlots privés, différées du fait des tensions sur le marché, et quelques équipements publics prévus par la Ville de Bordeaux.
Mais ce qu’il reste à réaliser concerne surtout des terrains du Port : opérations immobilières, principalement à destination d’activités économiques, sur le secteur délimité par la base sous-marine et les boulevards, qui constitue le dernier secteur de développement du projet urbain, avec la création d’un parc et d’une voie nouvelle prévus par l’opération d’aménagement ; requalification de la plaque portuaire avec l’aménagement d’espaces publics et d’une promenade pour faire le tour des bassins, ainsi que des projets du Port en cours de définition, en lien avec ses activités.
Dans ce contexte, le projet du Port de mettre en place une aire dédiée au carénage de petits bateaux, avec une forte exigence en matière de lutte contre la pollution de l’eau est un signal fort en matière de transition écologique. De même pour le projet de pôle Logistique urbaine innovante, par lequel le Port souhaite dédier 36 000 m2 aux entreprises spécialisées dans la livraison décarbonée sur les derniers kilomètres.
Ajoutons que le projet urbain aux Bassins à flot poursuit des objectifs de développement durable à travers :
- un réseau de chaleur urbain approvisionné à 70% par des énergies renouvelables,
- des logements adaptés à toutes les catégories de population quels que soient l’âge et les revenus ;
- une desserte performante en transports en commun, la place prépondérante des déplacements doux grâce au réseau de sentes qui maillent le quartier et le connectent à la ville ;
- la mixité fonctionnelle permettant de vivre, travailler, étudier et faire ses courses sur place… Ce projet est aussi une véritable démarche de reconversion d’un ancien quartier industriel, qui était artificialisé à 100%, ce qui implique des actions fortes d’introduction de la végétation pour le rendre plus vivable et résilient, tout en respectant son identité patrimoniale et son paysage exceptionnel.
Un binôme ville-port
AIVP – Le Port de Bordeaux Atlantique est également adhérent de l’AIVP. En quoi ce binôme « ville-port » pourra contribuer à vos projets durables ?
M. Alexandre Rubio, Bordeaux Métropole – Au-delà du quartier des Bassins à flot, Bordeaux Métropole et le Port agissent de façon convergente en matière de transition énergétique, de décarbonation de la logistique, ou encore de protection de la nature. Voici quelques exemples :
Sur le plan de la transition énergétique, Bordeaux Métropole accueille l’entreprise Hydrogène de France sur l’ancien site de Ford à Blanquefort et va produire de piles à combustible grands formats, quant au Port, il accueillera bientôt GH2, projet de production massive d’hydrogène vert. Une stratégie vers le développement de la filière hydrogène sur notre métropole.
Par ailleurs, alors que Bordeaux Métropole facilite la collecte de bio-déchets, le Port annonce la construction d’un méthaniseur de déchets organiques (25000t de bio-déchets et sous-produits industriels locaux) par le groupe CVE qui produira à Bassens l’équivalent de la consommation de gaz d’environ 3 500 foyers d’ici 2024.
Concernant la logistique bas-carbone, Bordeaux Métropole et le Port se joignent à la Région Nouvelle-Aquitaine et à Voies Navigables de France pour relancer le fret fluvial entre le Lot-et-Garonne – Bordeaux et en aval Blaye, Pauillac…
La concertation avance pour que reprennent sur la Garonne et son canal latéral, des flux logistiques d’une part de nature industrielle (broyats de pneus, granulats, produits chimiques…), et d’autre part de nature agroalimentaire (petits producteurs livrant en circuit court l’hyper-centre-ville de Bordeaux). Bordeaux Métropole teste la réintroduction d’équipements de déchargement sur ses quais, en zone classée UNESCO. Le Port vient d’investir dans une grue compatible avec les péniches.
L’objectif conjoint est de réduire le CO2 et les Nox, et de renforcer la résilience du territoire, grâce au fret fluvial.
Sur l’innovation technologique, l’incubateur TechnoPorts ouvert en septembre 2022 dans le cadre d’une collaboration entre le Port et la technopole Bordeaux Technowest, a pour but d’accompagner des startups sur de nombreuses thématiques liées aux métiers du port, par exemple: jumeau numérique du port, exploitation de données satellitaires, production d’énergies renouvelables, motorisations électriques et hydrogène, propulsion, drones, nouveaux matériaux, optimisation du stockage de carbone dans les espaces naturels du domaine portuaire.