Au cœur de la métropole de Brest le site des Capucins accueillait autrefois les activités de l’industrie navale. Fortement ancré dans la mémoire brestoise, le site devient un écoquartier et un nouveau lieu de vie, de création et d’innovation. Un projet qui a aussi été développé dès ses débuts en concertation avec les citoyens et l’ensemble des acteurs concernés. Nous sommes là tout à fait en phase avec l’Objectif 8 de l’Agenda AIVP 2030. Nous avons dès lors voulu en savoir plus sur les différentes composantes de ce projet et les solutions qui ont été retenues en nous entretenant avec Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme à Brest Métropole et Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
Brest Métropole est membre de l’AIVP depuis 1990
AIVP – Ancien site de l’industrie navale, le Plateau et les Ateliers des Capucins sont en pleine transformation. Quels sont les principaux axes du programme engagé sur ce site patrimonial ?
Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme,
Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
Le projet des Capucins se situe en cœur de métropole, au sein du quartier des Quatre-Moulins (20 000 habitants), en frange des projets NPNRU (Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain) Quéliverzan/Recouvrance/Capucins et Bellevue/Bords de Penfeld.
Il constitue un des leviers de la mise en œuvre du grand projet urbain intégré Cœur de métropole/Penfeld pour :
- redimensionner le cœur d’agglomération à l’échelle du Pays de Brest ;
- renforcer les fonctions métropolitaines de la seconde métropole de Bretagne ;
- redynamiser la rive droite en renouvelant l’offre de logements et d’activités ;
- connecter plus efficacement les deux rives du fleuve Penfeld.
Il s’agit ainsi :
- d’une part de repositionner le centre-ville de Brest dans ses contours d’origine, en l’élargissant vers la rive droite de la Penfeld et Bellevue en favorisant la constitution d’un centre métropolitain attractif à l’échelle des 400 000 habitants du Pays de Brest, au travers l’implantation d’équipements à fort rayonnement (médiathèque François Mitterrand – Les Ateliers des Capucins, Totem French tech Brest+, Centre de culture dédié à l’innovation maritime 70.8, Centre national des arts de la rue et de l’espace public Le Fourneau, Résidence internationale et Centre de mobilité Nelson Mandela, THALES DESIGN CENTER, structure de design thinking, …) ;
- et d’autre part de renforcer les liens entre les deux rives et avec le quartier de Recouvrance, en valorisant des sites historiques exceptionnels et des paysages inscrits dans la trame verte et bleue de la métropole.
AIVP – L’ambition est aussi d’en faire un éco-quartier. Quelles solutions sont mises en œuvre pour y répondre ?
Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme,
Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
Le projet est effectivement inscrit en phase 3 de labellisation Ecoquartier.
Il s’agissait de transformer un lieu symbolique de l’industrie navale en un nouveau quartier à vocation métropolitaine, exemplaire en termes de qualité urbaine, de mixité et de densité, et de s’inscrire dans une logique de développement durable, autour :
- du développement des trois fonctions majeures, habitat, économie, culture, et en articulation avec le quartier ancien de Recouvrance ;
- de la mise en œuvre d’une desserte innovante avec un téléphérique urbain complétant une desserte par la ligne A du tramway ;
- de la mise en œuvre d’une boucle énergétique locale au sein d’une zone énergétiquement sensible avec le déploiement d’un réseau de chaleur urbain et de centrales photovoltaïques, au-delà de la qualité thermique des bâtiments ;
- de la préservation de la mémoire des lieux au travers la mise en valeur architecturale du site et des machines conservées dans les Ateliers ainsi que la réalisation d’un parcours d’interprétation ;
- et de la participation et l’appropriation du site par les habitants, notamment dans le cadre d’une démarche de co-conception et co-production de mobiliers de vie, soutenue par le dispositif Ecocité.
AIVP – Si l’on revient plus spécifiquement sur les Ateliers des Capucins, votre volonté est d’en faire un lieu de vie, mais aussi de création et d’innovation. Quels équipements y sont-ils prévus ou déjà réalisés et en quoi cela renforcera-t-il l’attractivité à l’international de la métropole de Brest ?
Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme,
Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
Les Ateliers des Capucins sont un site emblématique de la mémoire brestoise, patrimoniale, ouvrière, et syndicale, reconverti en pôle culturel, de loisirs et d’innovation accueillant 2,7 ha d’activités. On y trouve :
- la médiathèque « François Mitterrand – Les Capucins » sur 9 000 m², véritable tiers-lieu doté d’espaces culturels, de loisirs et travail et d’un auditorium de 200 places, et prochainement un cinéma « Ciné Capucins » de 5 salles, et le Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public, Le Fourneau sur 2 500 m²;
- des commerces thématiques (restauration, brasseur de bière) et des activités de loisirs sur 7800m², notamment « Climb up » et ses 1200m² de murs d’escalade, et « Illucity » et son parc d’aventure en réalité virtuelle sur 750m²;
- les excellences numériques du territoire avec le « Totem » du label French Tech Brest + (190m²), l’accélérateur de start-ups « Village by CA » (500m²) et l’espace de coworking « We Art Minds » dédié aux créatifs freelances, entrepreneur.e. et startupers ;
- les excellences techniques et technologiques de la mer avec le « 70.8 », vitrine ludique et interactive de la recherche et l’innovation maritime sur 1 500 m² ;
- des salles d’exposition ou de réunion privatisables de 480m².
L’ensemble s’organise autour d’un grand espace public central, couvert et chauffé de 10 000m², « la place des machines », qui accueille, outre le somptueux « Canot de l’empereur » pièce patrimoniale issue des collections du Musée de la Marine, un immense spot de glisse urbaine, de danse, de pique-nique, espaces d’exposition et manifestations publiques … et que l’on peut privatiser pour accueillir manifestions et évènements d’envergure.
Bref, un lieu unique, exceptionnel, et multifonctionnel à fort rayonnement culturel, économique, de loisirs et touristique !
AIVP – La population a-t-elle été associée à cette opération majeure de renouvellement urbain, et sous quelle(s) forme(s) ?
Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme,
Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
L’ensemble des acteurs du territoire (habitants, acteurs institutionnels, économiques, de l’habitat, culturels, associatifs, …) a été associé, de la conception à la réalisation et ce dès 2005 et au-delà de l’ouverture au public des Ateliers des Capucins avec :
- la mise en place de groupes de travail thématiques (Déplacements, Energie, Culture, Patrimoine et mémoire, Innovation, proximité …) ;
- la mise en œuvre de réunions publiques d’information, de concertation, de co-construction, d’exposition et d’animation mais aussi de grands évènements d’appropriation annuels dans le cadre de portes ouvertes associant à la fois les acteurs culturels du territoire et les anciens ouvriers du site ;
- la poursuite de la co-construction du projet et de l’appropriation du site par les habitants dans le cadre d’une démarche artistique participative de co-conception et co-production de mobiliers de vie, soutenue par le dispositif Ecocité ;
- l’accueil et co-construction de programmes d’animation des Ateliers des Capucins, de proximité et métropolitains, par la SPL Les Ateliers des Capucins, créée spécifiquement pour gérer, animer et promouvoir les Ateliers des Capucins.
AIVP – Vous vous êtes largement appuyé sur l’identité patrimoniale des Capucins. Mais vous avez également engagé une démarche d’intégration paysagère des activités portuaires existantes ou programmées. Je pense là au futur site dédié aux EMR qui sera complété par une promenade et un belvédère. Pourquoi ce choix et comment ces activités maritimes et industrielles sont-elles mises en spectacle ?
Tifenn QUIGUER, Vice-présidente chargée de l’urbanisme,
Michel GOURTAY, Vice-président chargé de l’économie.
Le projet de développement du port de Brest porté par la Région avec la participation de Brest métropole comprend effectivement un volet paysager très important.
Plus de 4,5 ha d’aménagements paysagers assurent en effet l’interface entre le futur terminal industrialo-portuaire dédié aux EMR et la zone de tourisme et de loisirs nautiques du Moulin Blanc.
Une butte paysagère, végétalisée sur 11 m de haut et 100 m de long, offre aux promeneurs une vue insolite sur les futures activités industrielles au cœur d’un site de 50 hectares clos, plan et invisible jusqu’alors.
Plantée de chênes, de pins et de bouleaux, elle offre aussi, sur son versant interdit au public, la reconstitution d’un biotope équivalent à celui présent sur le polder avant le début des travaux.
Autre composante de l’aménagement paysager du site, le belvédère met en scène la rade et les activités nautiques qui s’y déploient toute l’année. Conçu sous forme d’amphithéâtre en concertation avec les habitants, ce belvédère peut être utilisé pour des événements festifs, musicaux ou culturel.